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Octobre 2012

 

UNE PLACE À PRENDRE

 

Par JH Roch

 

Comme tout le monde, j’ai ouvert ce livre avec curiosité et appréhension.  J.K. Rowling  n’est-elle qu’un auteur de littérature jeunesse ?  Dans mon rôle de chroniqueuse, est-ce seulement possible d’être objective au sujet de l’auteur le plus lu de la planète ?

 

Tout d’abord, soyez rassurés.  Si J.K. Rowling avait écrit Une place à prendre avant Harry Potter, nous aurions découvert un auteur magistral, capable de décrire un monde incluant des dizaines de personnages.  Le ton du roman allie férocité et humour.  Le regard de l’écrivain alterne entre compassion et condamnation.  Sa plume nous mène par le bout du nez et nous rend inapte à refermer le livre sans avoir au moins reniflé quelques phrases du chapitre suivant.

 

L’action se passe dans un charmant petit village voisin d’une petite ville.  Il met en scène des adolescents (un thème cher à l’auteur), leurs parents et grands-parents.  Les jeunes ont des parents  médecins, commerçants, membres du conseil communal, professeurs, travailleurs sociaux et au pire, travailleurs; pour les autres, les parents sont drogués, prostitués, voleurs et receleurs.  Il va sans dire que les castes ne se mêlent pas.

 

Un professeur pourtant, Barry Fairbrother avait pris sous son aile une jeune fille, Krystal, qui habite dans un complexe de logements sociaux avec sa famille complètement dysfonctionnelle.  Ce complexe, La Cité des Champs, se trouve coincé entre la ville et le village, mais appartient officiellement au territoire et à l’administration du village.  Fairbrother, également membre du conseil communal, avait créé une équipe féminine d’aviron.  Krystal en faisait partie et dans l’environnement pourri qui est le sien, l’équipe d’aviron était son seul espoir viable.

 

Fairbrother se battait pour l’intégration des jeunes de milieux démunis et au conseil communal, il était le leader parmi ceux qui refusaient de voir l’administration de la Cité des champs être transférée à la ville voisine lors du prochain renouvellement de bail.  Cela aurait signifié pour Krystal la perte de la clinique de désintoxication, l’isolement, la fin de la fréquentation scolaire dans la charmante petite l’école du village où elle pouvait exercer l’aviron.

 

Mais voilà que Fairbrother décède subitement et qu’une place est à prendre au conseil communal.  L’équipe d’aviron controversée est immédiatement dissoute par la direction de l’école.

 

Le remplacement de Fairbrother aurait pu se passer sans remous au conseil communal, mais les candidats se mettent en campagne.   Alors commence un véritable orage de soupçons, de tractations et de coups bas, alimentée par les publications Internet du ‘Fantôme-de-Barry-Fairbrother’.  Qui en est l’auteur?  Pour les adultes, c’est le plus complet mystère.

 

Mais pour les ados, tellement familiers avec Internet, c’est autre chose.  Si garçons et filles vivent sous le joug des parents et subissent le gros nuage qui risque d’éclater à tout moment, ils n’en portent pas moins un jugement sévère envers les adultes.  Comme les enfants des Capulet et des Montaigu, ils transgressent les castes pour vivre leur sexualité, leur amitié, leurs aventures plus ou moins avouables.

 

J.K. Rowling n’est pas tendre et ses personnages ne sont ni complètement méchants ni complètement bons.  Son imagination est comme toujours débordante mais cette fois-ci, on décèle davantage la femme qui a vécu de l’aide sociale, qui a traversé d’intenses difficultés familiales et qui maintenant consacre une grande partie de son immense fortune à outiller les laissés pour compte de notre société.

 

UNE PLACE À PRENDRE

Par J.K. Rowling

680 pages

Grasset