Les chroniques littéraires

 

par JH ROCH

 

Entre 2009 et 2014,

JH ROCH a publié une chronique littéraire mensuelle pour

La Belle Vie 50+

RETOUR AU CENTRE D'ACHAT

Décembre 2011

 

LES MÉMOIRES D’UN ŒUF

Il en est des cadeaux comme des crimes : certains sont parfaits !

 

par JH Roch

 

Dans le monde du commerce de détail, en pleine effervescence au temps des Fêtes, on a coutume de dire que tout objet orné d’un chat se vendra à coup sûr.  Agenda, tasse à café, rideau de douche, pot de fleur, figurine : de gros vendeurs.

 

Je vous propose un livre dont la couverture est illustrée d’un chat.  À l’intérieur, il y a également un personnage de chat, Monsieur Blanc.  Voilà qui sera beau dans la bibliothèque de la collectionneuse !

 

Assurez-vous cependant que la collectionneuse, ou le collectionneur, aime les romans noirs et apprécie l’humour de la même couleur.

 

Fortune faite, un ‘trépasseur’ dans sa jeune retraite s’est claquemuré sur son perron, buvant en même temps que les meilleurs vins le fiel de son mépris pour les humains, spectateur éternel de ces créatures agités qui montent et descendent la modeste rue Principale où il réside.   Hors du monde, invisible sous la pelure de petit vieux qu’il s’est créé, il est satisfait de se faire oublier, comblé par son ermitage et heureux d’être seul au-delà de toute expression.  Pour tuer le temps, il dessine.

 

Ces croquis ne lui sont rien, car en fait depuis l’époque révolue où il était un étudiant peu doué, il cherche à dessiner l’œuf, l’œuf sublime, l’œuf parfait, la quintessence de l’œuf, ainsi que le faisait jadis sa camarade de classe de deux coups de crayon.  C’était avant qu’il ne devienne un homme dangereux.

 

Un jour, un chat blanc comme un œuf vient percer sa muraille, très peu, sans même pénétrer à l’intérieur de son logis.  Un simple chat qui passe et qui attirera le malheur sur sa vie tellement lisse.  Un passeur qui dépose au pied de son monde le plus beau comme le plus infaillible des dérangements.  Et les conséquences ne pourront être que terribles et tragiques, bien sûr.

 

En quelque paragraphe, si vous êtes comme moi, le personnage principal de ce roman prendra les traits d’un homme que vous aurez croisé dans votre vie : un insensible, cynique, snob, solitaire, sans scrupule et intelligent en diable. Car Sylvain Meunier a le génie de dessiner ce qu’il veut de deux coups de crayons. Dessiner des lieux, des personnes, des atmosphères qui vous happent.  Avec lui, nul besoin de cinéma.

 

Intelligence, plaisir de lire, délicieuse histoire macabre qui saccage les derniers reliefs de nos bons sentiments, un cadeau sans prix.  À offrir à quelqu’un qu’on aime, ou encore à déposer sournoisement sous le sapin rose des amateurs de romans Arlequin !

 

Les mémoires d’un œuf

Par Sylvain Meunier

132 pages

Les éditions de la courte échelle