Les chroniques littéraires

 

par JH ROCH

 

Entre 2009 et 2014,

JH ROCH a publié une chronique littéraire mensuelle pour

La Belle Vie 50+

RETOUR AU CENTRE D'ACHAT

Juin 2010

 

LA SUEUR DES AUTRES

Les fils d’Érin et le canal Beauharnois

 

Par JH Roch

 

Jacqueline Roch réside dans le Haut Saint-Laurent depuis trois ans.  Elle est l’auteure de Cruel redoux qui sera réédité par les Éditions JKA en 2011.

 

Je vous propose une lecture de vacances.  Vous avez bien lu : cet ouvrage sombre et sérieux, abondamment documenté, et dont le tiers des pages  - les annexes - sont des notes, index, listes, bibliographies, est le meilleur livre pour votre été 2010.

 

Nous entendons tous les jours des gens se décourager et clamer que tout va mal dans ce monde, plus mal que jamais, que l’humanité courre sans cesse vers sa détérioration.  C’est là où la lecture d’un bon livre historique nous fait prendre conscience du chemin parcouru.  Après coup, les plaintes de vos convives, en l’occurrence autour de la piscine, un verre à la main, profitant d’un long week-end en votre compagnie, vous sembleront bien dérisoires.

 

Le creusement du canal de Beauharnois entre 1842 et 1845 a été le théâtre d’une tragédie annoncée.  Les travailleurs, principalement des Irlandais démunis nouvellement arrivés au Canada, gagnaient leur vie dans les conditions les plus dures.  Vaste chantier initié par le gouvernement de l’époque, l’ouvrage a été vite bradé à des entrepreneurs sous-traitants qui foulaient au pied les clauses de leur contrat, particulièrement en ce qui a trait à la rémunération et à la sécurité des terrassiers.  Faisant passer la journée typique de travail estivale de 12 heures à 14 heures, payant les employés au mois au lieu de la quinzaine, obligeant les travailleurs à louer leur habitation (au lieu de les leur fournir gratuitement comme prévu) et créant même des magasins où les denrées essentielles étaient vendues 25 % plus chère qu’ailleurs, le patronat augmentait ses profits de tous les côtés en spéculant  ‘sur l’argent du gouvernement’ et ‘sur les sueurs du peuple’.

 

En juin 1843, lors d’une grève, la violence explose.  L’armée réprimera le soulèvement dans le sang.

 

Roland Viau a le courage et le talent de creuser les sujets historiques douloureux.  Il sait que ces sombres facettes de l’histoire jettent des ombres sur nos vies actuelles.  L’histoire des groupes ethniques, parce qu’elle est occultée, ne nous permet pas de nous délivrer de préjugés tenaces et empoisonneurs.  Un livre tel que La Sueur des autres est une nécessité et un soulagement.

Quel meilleur moment que les vacances d’été pour s’accorder cette réflexion positive ! La plume de Roland Viau est si efficace, précise et remarquablement littéraire que vous devrez faire un effort pour… vous souvenir d’user de crème solaire lorsque vous serez absorbé par votre lecture.

 

De plus, je vous garantis qu’après vos vacances, vous retournerez à votre emploi avec le sourire.

 

La sueur des autres

Les fils d’Érin et le canal Beauharnois

par Roland Viau

Éditeur : Triskèle

327 pages